De quoi l’État monarchique est-il fait ? D’institutions, assurément, ainsi que de multiples acteurs, individuels comme collectifs, identifiables comme invisibles, qui incarnent et dépassent ces institutions, participent – par leur action ou leur statut – au gouvernement du royaume et influent sur la conception, l’exercice et la représentation du pouvoir royal. Cet État monarchique ne constitue néanmoins nullement l’aboutissement mais le cœur même d’un processus, aussi peu linéaire que multiforme qui, prenant ses origines au Moyen Âge, devient, à l’époque moderne, une réalité tangible. L’historiographie a qualifié cette dernière d’État moderne, de monarchie administrative, de monarchie absolue ou encore de monarchie de papier et, à partir de sources inédites, les contributions de ce volume viennent la questionner, l’analyser et la reconstruire. Loin de constituer un objet figé, l’État monarchique prend ainsi forme dans des dynamiques permanentes de structuration, de spécialisation ou encore de négociation, qui lui permettent de se détacher progressivement de la seule figure du roi et de mieux maîtriser la diversité de son territoire comme de sa population.